INFO Réunion chez PCS à Paris.

La rencontre du 25sept. avec PC Soft
Patrick Lalemand
Analyste fonctionnel senior, 35 ans d’expérience avec les produit PC Soft
Publié le 7 oct. 2025


À la surprise de la clientèle déjà échaudée par les nouvelles conditions commerciales introduites en mars dernier, PC Soft a invité une vingtaine de freelances, le 25 septembre, à une rencontre en présentiel à Paris. L'objet n'était pas très clair : on parlait d’abord de « présentation », puis finalement de « roadmap ».

Plutôt que de refaire le récit détaillé (qui a déjà été très bien couvert par d'autres), je vous propose ici une lecture critique de cette rencontre et de la communication qui l’a suivie.

Un scénario bien huilé
La « roadmap » a été déroulée point par point, chaque participant pouvant poser des questions librement. Les réponses ? Un mélange de solutions concrètes, de promesses vagues… et parfois de refus nets — notamment sur un point clé : le retour du dongle / licence perpétuelle.

Cette séquence invite à se poser une question simple : à quoi servait vraiment cette rencontre ? Du point de vue de nombreux développeurs non invités, cela ressemblait fortement à une opération de communication bien ficelée.

Partager une roadmap « stratégique »… pourquoi maintenant ?
Ce qui a été présenté est supposé être la feuille de route stratégique de la société. Ils auraient très bien pu la dévoiler progressivement, au gré des annonces officielles. Pourquoi donc la partager dans une salle fermée, avec un groupe restreint, alors que tout semble déjà décidé ?

Plusieurs explications peuvent être envisagées :

• Créer un effet “woaw” auprès de personnes déjà acquises au modèle par abonnement, pour contrebalancer les arguments des opposants.
• Donner l’impression d’une concertation sans réel pouvoir de décision.
• Convaincre les contestataires que « finalement, l’avenir présenté comme ça n’est pas si mal »… en oubliant au passage les points sensibles : rétrogradation des clés, dépendance à l'abonnement, perte de contrôle budgétaire, accès conditionnel aux sources, etc.

Une sélection loin d’être représentative
La direction parlait d’une sélection “représentative” des freelances. Or :

• Des invitations ont été envoyées à plusieurs résidents du Québec (!), de surcroit, en pleine période de grève et de fermeture d’aéroports pour cause de drones. Peu réaliste pour une rencontre de 3h à Paris.
• Plus de 80 % des participants étaient déjà passés à l’abonnement, dont une participante ex-employée chez Minka (entreprise de B. Richet). Une proportion difficile à croire comme représentative.
• Moins de 20 % représentaient la minorité “dongle”, essentiellement des représentants associatifs — seuls à défendre la licence perpétuelle.

On peut légitimement s’interroger : cette composition très déséquilibrée n’a-t-elle pas eu pour effet d’isoler les voix contestataires au milieu d’une majorité acquise au changement ?

Une adoption “rapide” de l’abonnement qui interroge
Autre point surprenant : la très forte proportion de freelances déjà passés à l’abonnement. Certes, ils sont plus mobiles que des salariés classiques, mais beaucoup utilisent soit leur clé (tout le monde y est habitué après des 10aines d'années), soit la licence du client sur site, soit leur propre poste à distance via VPN — ce qui ne rend pas l’abonnement indispensable dans la plupart des cas.

Traditionnellement, les renouvellements se font plutôt en fin d’année, et fin 2024 les deux formats coexistaient encore. Difficile, donc, de croire à une adoption massive et anticipée dictée uniquement par des besoins pratiques. Cette synchronisation donne davantage l’impression d’un alignement stratégique que d’un choix individuel spontané.

Une communication très… synchronisée
Dans les jours qui ont suivi, une série de publications pro-abonnement sont apparues sur LinkedIn, vantant la vision et “l’innovation” de PC Soft. Fait intéressant :

• Plusieurs auteurs n’avaient jamais rien publié sur windev auparavant, ou plus depuis longtemps.
• Leurs messages présentaient des formulations et arguments très similaires.
• Ces publications sont arrivées en bloc, dans une fenêtre de quelques jours juste après la rencontre.

Une analyse linguistique automatisée montre une forte homogénéité lexicale et temporelle, typique d’une communication concertée ou briefée. Tout indique que cette séquence faisait partie intégrante du “coup de com” du 25sept.

La “trêve de 100 jours” : une couverture habile
Certains participants ont mentionné une trêve de 100 jours, censée montrer la bonne volonté de la communauté vis-à-vis de la nouvelle direction. Mais quelques jours plus tard, la brochure 2026 est annoncée, avec en première page… un visage féminin typique des anciennes versions. Cette brochure était manifestement finalisée avant la rencontre. Le message est clair : la communication était verrouillée à l’avance.

Pendant ce temps, les prix d’abonnement ont nettement augmenté : les frais de souscription sont passés de 699 € à 999 € par produit (et de 1399 € à 1999 € pour la suite). Auparavant, ces montants étaient dégressifs selon la version possédée par le client ; dès le 1er décembre cette dégressivité aura tout simplement

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Et ces “100 jours” nous amènent début janvier 2026 — juste après la période habituelle de renouvellement. Ce délai couvre la séquence commerciale en calmant les critiques temporairement. Les clients, étant habitués au même cycle ces dernière années, pourrait commander la nouvelle version "les yeux fermés" (

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: "pas de changement dans votre utilisation", "plus facile à budgétiser", ...). Une fois la version 2026 acquise, il n’y aura plus de retour en arrière possible.

Conclusion
Une « trêve » de 100 jours avait été évoquée, censée permettre à PC Soft de faire un geste significatif envers sa clientèle. Mais huit jours plus tard, le constat est celui-ci : la rencontre avec les freelances a surtout servi de coup de com, et les seuls actes visibles depuis sont, au mieux, cosmétiques, au pire révèle une hausse des tarifs enclenchée dès le 1er décembre (alors que, les années précédentes, les offres promotionnelles étaient disponibles jusqu’à la fin décembre) et 900 nouveautés mises en avant fièrement, comme si de rien n’était (alors que ce format aurait dû être abandonné car trop intense pour les équipes de PC Soft).

Pour beaucoup, cette séquence donne l’impression que PC Soft cherche surtout à gagner du temps et verrouiller la période commerciale, plutôt qu’à répondre de front à la question centrale : la perte de la licence perpétuelle.

Qu’on soit favorable ou non au modèle par abonnement, il est essentiel que le débat repose sur des faits clairs et une communication honnête. Les développeurs n’ont pas besoin de slogans, mais de garanties tangibles. La confiance en l'entreprise a été ébranlée et rien n'indique pour l'instant des efforts pour la restaurer.

Ce texte n’est pas une attaque, mais une analyse critique dans un esprit de transparence et de débat loyal entre professionnels. L’objectif est d’éclairer certains mécanismes et d’encourager une discussion ouverte et honnête.